Journal quotidien L’ECHO
87000 Limoges

Le spectacle reposait en partie sur des témoignages de personnes habitant la région. La première représentation de Nos grands-mères se sera déroulée samedi lors d’une soirée sereine, agréable, dans la cour, les allées, derrière les fenêtres et les volets bleus du domaine de George Sand. Au passage, le sujet de la pièce s’y prêtait, les spectateurs auront appris, s’ils ne le savaient déjà, que ce manoir a servi de cachette aux maquisards du coin pendant la guerre, et cela avec l’autorisation d’Aurore Lauth-Sand, alors propriétaire des lieux. A l’heure à laquelle ces lignes sont écrites, nous ne pouvons préjuger que les nuages respecteront derechef, lors de la seconde représentation prévue le dimanche soir, le travail de mise en scène accompli pour cette création qui n’avait été jouée auparavant qu’à Marseille par une vaillante troupe de théâtre. Celle-ci a démontré son talent à associer certaines gens d’ici (Yolande et Bernard Rapoport, Eliane Aubert-Colombani, Yvette Fradet, Carole Rivière) à son jeu collectif un peu grave mais qu’elle a su ponctuer de cocasseries et d’apaisantes notes de musique.

Deux femmes dans la guerre

Rappelons que l’originalité du propos de Nos grands-mères reste que, par deux jeunes comédiennes, Nathalie Conio et Rachel Auriol, la tourmente d’un conflit ne cessant de s’étendre jusqu’au niveau mondial est restituée par leurs paroles et leurs gestes imprégnés de l’amour porté à leurs grands-mères respectives, l’une étant française, l’autre russe. Lesquelles et heureusement ont laissé des mémoires écrits et transmis dans leur famille un quotidien commun fait d’un bouleversement brutal face à une impitoyable invasion, de peur et de doutes surmontés, de démonstration d’un courage admirable, de douleur de savoir que des camarades de combat ont été arrêtés et fusillés… Finalement, viendra la joie d’avoir participé à la victoire. En France, le droit de vote accordé aux femmes en avril 1944 sera considéré comme un légitime hommage à leur engagement dans la lutte contre l’occupant. En Europe, la paix règne à présent. Veillons bien à la conserver, du Spitzberg aux îles grecques comme de l’Atlantique à l’Oural. Ce message s’adressant primordialement à la jeunesse.

Denis Bonnet